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Observations des 24 et 25 août
2022 Transit de l’ombre d’Io sur
Jupiter |
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Après quelques hésitations liées à la météo et aux cirrus
je me suis finalement décidé à sortir le soir du 24 août 2022. Le but était d'observer depuis le site du Champ du feu le
transit de l'ombre d'Io sur le disque jovien. La première surprise du ciel est intervenue à Strasbourg alors
que je chargeais le matériel astronomique dans ma voiture. En effet, un phénomène atmosphérique appelé « Chiens de
Soleil » (parhélie) a pu être observé. Ce phénomène consiste en une déviation des rayons du
Soleil par des cristaux de glace, deux taches lumineuses se produisant alors
de part et d’autre du Soleil (image non traitée) : Je n’avais encore jamais pu l’observer "en
vrai" avant ce jour. De plus, en levant la tête je me suis aperçu que le
phénomène était accompagné d’un bel arc circumzénithal
(image non traitée) : Là encore ce sont des cristaux de glace qui en sont
responsables en ce qu’ils décomposent la lumière tel un prisme. J’avais déjà pu observer une fois un arc de cette
ampleur, il y a quelques années. Lorsque je suis parti de Strasbourg le ciel était encore
bien chargé en cirrus mais en roulant en direction du Champ du feu je fus
rassuré en constatant que la ligne d’horizon au-dessus des Vosges était bien
plus claire… et quasi bleue. Le contraste entre le ciel de la plaine et celui du
massif des Vosges était bien perceptible, avec quasiment une ligne de
"démarcation" entre les deux. Une fois arrivé au Champ du feu, le ciel y était en effet
bien plus dégagé qu’en plaine avec la présence de quelques nuages de moyenne
altitude et de quelques cirrus de haute altitude. A partir de 22 /23 heures, que dire… Le ciel au Champ du feu était devenu tout simplement
magnifique, totalement clair et parmi les meilleurs qu’il m’ait été donné de
voir. La Voie Lactée à l’œil nu était visible dans ses moindres détails avec
les étoiles qui perçaient la voûte céleste. Ce fut d’autant plus étonnant qu’un jour avant, les sites
météo prévoyaient encore pour cette nuit la présence d’un voile d’altitude,
certes atténué par rapport à celui de la veille. Vu la transparence du ciel, l’imagerie du ciel profond
était bien tentante mais j’ai résisté, ma batterie n’ayant pas assez
d’autonomie pour faire les deux (ciel profond en première partie de nuit et
Jupiter en seconde partie de nuit). Le premier test d’acquisition (réglages, mise au point) a
été effectué avec Saturne, dont on ne se lasse jamais. Il était alors 00 H 47 et Saturne était à environ 25 °
d’élévation ce qui est peu. On m’avait prêté un correcteur
de dispersion atmosphérique mais pour certaines raisons je ne l’ai pas
utilisé et l’ai retiré après avoir effectué des tests. Toutes les images qui vont suivre ont donc été effectuées
sans correcteur ADC. Une fois les réglages effectués sur Saturne, j’ai arrêté
mon ordinateur pour économiser sa batterie en attendant que Jupiter monte. Ci-dessous une première image de Jupiter qui était alors
à environ 38 ° d'élévation. Il était - de mémoire - 2 H 05
. J’ai ensuite réalisé plusieurs vidéos pour suivre
l’évolution du transit de l’ombre d’Io et les ai arrêtées lorsque cette ombre
a atteint le centre du disque. Ci-dessous une autre image : et encore une autre où l’on voit l’ombre au centre : Jupiter était alors à environ 42 ° soit quasiment au
méridien. Io est le satellite galiléen le plus proche de Jupiter.
Io étant régulièrement écartelé par les forces de marée de Jupiter (du fait
de son orbite excentrique), il s’agit d’un monde étonnant où règne un
volcanisme perpétuel. Sa couleur jaune est liée à l’abondance du soufre. Au cours de cette nuit j’ai eu un petit regret : le fait
de ne pas avoir pu imager en fin de nuit la lointaine Uranus avec sa belle
couleur bleue-verte mais cela n’est que partie
remise. Je m’y attellerai probablement plus tard dans l’année, avec Mars. Le clou du spectacle a eu lieu lors de la redescente du
Champ du feu vers Strasbourg, avec un fin croissant
de Lune surplombant Vénus dans un ciel limpide. P.S. : configuration technique : télescope Skywatcher Newton 200/1000 mm (F5) ; caméra ASI 224 MC ;
pointage avec l’application ASICAP et le smartphone connecté à la caméra
(pratique pour se déplacer lors du pointage) ; poses de 6,6 ms (sous Sharpcap) soit environ 150 images par seconde ; fichiers
SER de 2 minutes pour Saturne et d’1 minute pour Jupiter ; 2500 images compositées dans chaque cas ; compositage
sous AUTOSTAKKERT ; traitement sous Registax ; barlow 5 X ; pas de correcteur ADC ; un ordinateur en fin
de course à bout de souffle qui m’a néanmoins servi pour les acquisitions
grâce à un transfert sur disque SSD externe en USB 3 (le smartphone précité
n’ayant pas un affichage ni un débit suffisants). |