Observations en date du 16 mai 2020

 

 

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En fin d’après-midi, les nuages qui s’étaient formés au-dessus du massif des Vosges par évaporation ont envahi la plaine d’Alsace.

 

Au Champ du feu vers 20 heures, il y avait encore de nombreux nuages lesquels se sont toutefois ensuite rapidement dissipés pour laisser place à un ciel parfaitement transparent, du crépuscule jusqu’à la fin de la nuit.

 

Le taux d’humidité était bien moins fort que prévu. Il n’y a finalement pas eu de dépôt de buée sur les instruments.

 

Le vent était absent sauf quelques rares épisodes de brise légère.

 

Les températures semblaient plutôt fraîches sans pour autant être froides.

 

L’objectif de ma soirée était :

 

-          la galaxie M106,

-          et ses petites voisines (NGC 4248 de magnitude 13.12 ; NGC 4231 et 4232 de magnitudes respectives 14.27 et 14.43 ; NGC 4220 de magnitude 12.4 ; NGC 4217 de magnitude 12.4 et NGC 4226 de magnitude 14.36),

 

étant précisé que toutes ces galaxies sont visibles dans le même champ.

 

Je vous prie de bien vouloir trouver ci-dessous l’image correspondante.

 

Pour voir l’image en taille réelle (à 100 %), il suffit de cliquer dessus afin qu’elle s’ouvre dans une nouvelle fenêtre.

 

 

Le dispositif d’imagerie utilisé est le suivant : appareil photographique Canon EOS Ra ; télescope Newton 200/1000 mm ; correcteur de coma 2 pouces (lequel est optimisé pour le format APSC mais pas pour le plein format comme ici).

 

Le nouvel EOS Ra s’avère particulièrement agréable à utiliser et performant.

 

Son format d’images brutes en CR3 n’étant pas encore (à ce jour soit le 20 mai 2020) pris en charge par l’excellent logiciel Deepskystacker, les images en CR3 ont été simplement converties au format DNG avant d’être compositées via ce logiciel.

 

L’image ci-dessous est issue de 85 poses de 1 minute à 2500 iso, étant toutefois précisé que 32 poses ont été affectées par des traces de satellites (la plupart de ces poses ont dû être jetées).

 

Heureusement le suivi de la monture était juste ce qui a limité la casse.

 

M106 se distingue par une concentration exceptionnelle de matière au niveau de son cœur (36 millions de masses solaires dans un volume dont le diamètre est estimé à 100 000 unités astronomiques), en interaction avec un trou noir hypermassif.

 

Etant partisan des traitements doux, je n’ai délibérément pas cherché à donner un aspect "rouge écarlate" aux filaments de matière qui sillonnent le cœur de M106.

 

La fin de nuit fut ponctuée par les protestations sonores d’un renard, vraisemblablement mécontent de notre présence, et par le chant plus mélodieux d’un coucou que nous avions d’ailleurs également entendu plus tôt le soir.

 

Moins réjouissant, nous avons vu beaucoup de satellites au cours de cette nuit dont un, curieux, qui semblait tourner sur lui-même et dont l’intensité lumineuse variait à intervalles réguliers.

 

Ces satellites sont déjà bien trop nombreux et préfigurent la dévastation du ciel à venir.

 

A cause de cette prolifération de satellites de télécommunication et des projets de méga-constellations en la matière, l’astronomie se meurt dans l’indifférence quasi générale. Cela est impardonnable et est une honte pour nos décideurs politiques de tous pays.

 

Excepté ces satellites, nous avons pu admirer beaucoup de belles choses au cours de cette nuit (bolides ; Jupiter et Saturne avec une superbe Voie Lactée - nettement visible - qui dominait en arrière-plan dans la région du Sagittaire etc).

 

Néanmoins, le clou du spectacle, totalement inattendu pour ma part, fut un splendide croissant de Lune qui s’est levé en fin de nuit au-dessus des sapins et qui se tenait droit devant nous alors que nous roulions pour quitter le Champ du feu.

 

Le croissant, par illusion d’optique, semblait immense, détaillé, et l’on devinait la lumière cendrée de son côté non éclairé.

 

Il se fondait dans un ciel qui appartenait encore aux derniers instants de la nuit : un ciel qui n’était pas encore celui de l’aurore ni tout à fait celui de l’aube, et dont les couleurs s’étalaient ainsi en une multitude de nuances allant d’une fine couche de rouge pourpre sur l’horizon au bleu sombre - encore dominant - de l’espace, avec en transition un dégradé d’orangé et de jaune.

 

La redescente du Champ du feu a donné lieu à quelques ralentissements pour éviter des biches, renards et deux lapins qui gambadaient nonchalamment côte à côte sur la route.

 

En terme de spectacle, la nature nous a gâtés jusqu’au bout…

 

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