Les aurores boréales des 10 - 11 mai 2024 et du 10 octobre 2024

 

Vues depuis la Robertsau (Strasbourg) et le massif des Vosges

 

 

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1/ Aurores boréales de la nuit du 10 au 11 mai 2024 à la Robertsau (Strasbourg) :

 

Quelques jours avant le 10 mai 2024 est apparu à la surface du Soleil un groupe immense de taches (région active 3664) d’une surface supérieure à 15 fois celle de la planète Terre.

 

Une série de puissantes éruptions solaires (dont une de classe X8.7) et d’éjections de masse coronale (plasma) s’en est suivie, laissant présager la survenance d’une tempête géomagnétique.

 

Ce fut effectivement le cas le 10 mai 2024.

 

À l’échelle du globe, la tempête géomagnétique du 10 mai 2024 s’est manifestée par des perturbations dans le réseau GPS et le réseau électrique, des déviations de satellites vers des orbites plus basses et… par l’apparition de magnifiques aurores boréales.

 

Les aurores boréales ne sont normalement pas visibles en France. Ces événements rarissimes sous nos latitudes n’apparaissent qu’en cas de tempête géomagnétique sévère (indice Kp 8) ou extrême (Kp 9) et que si un autre indice (Bz) est quant à lui négatif.

 

La tempête géomagnétique intervenue dans la nuit du 10 au 11 mai 2024 s’est classée dans la catégorie dite extrême (G5 ; indice Kp 9) et était (avec un indice Dst ayant atteint un minimum de -412 nT) plus intense encore que celle d’octobre 2003.

 

Les photographies qui suivent ont été prises depuis le quartier de la Robertsau (Ville de Strasbourg) dans la nuit du 10 au 11 mai 2024. De mémoire d’astronome amateur, c’est la première fois que des aurores boréales étaient visibles à l’œil nu depuis Strasbourg.

 

Les photographies ci-dessous n'ont subi aucun traitement de type rehaussement ou saturation des couleurs.

 

Seuls ont été appliqués au traitement une correction du vignettage de l'objectif et un éclaircissement (relatif) du sol sombre.

 

Le phénomène a commencé en soirée avec une faible tache rouge diffuse mais néanmoins perceptible à l’oeil nu :

 

 

Cette tache diffuse, si rare sous nos latitudes, aurait suffi à faire mon bonheur.

 

Alors qu’elle semblait s’estomper et que je m’apprêtais à rentrer chez moi (pensant que l’aurore s’achevait), c’est là que le spectacle a - au contraire - réellement débuté.

 

La faible tache rouge diffuse initiale s’est en effet mue en de puissantes aurores, visibles sans difficulté à l’œil nu et en pose photo courte :

 

 

 

Le spectacle devenait surréaliste mais la nature n’avait pas dit son dernier mot. Elle avait encore des tours de magie à offrir.

 

En effet peu après, le ciel s’est illuminé, se parant de subtiles et délicates couleurs pastel vertes, jaunes, grises et roses, non pas en raison de la pollution lumineuse ou du Soleil (il faisait nuit) mais du fait de l’excitation de l’atmosphère par le flux de plasma, générant un airglow intense et captivant :

 

 

La couleur à dominante verte visible sur l’image ci-dessus est principalement liée à l’excitation de l’oxygène atomique présent entre 100 et 200 km d’altitude.

 

Seulement quelques minutes plus tard, de magnifiques aurores - arborant des couleurs allant cette fois du pourpre au violet - ont empli toute la voûte céleste telle une immense arche. Striées par le magnétisme, elles semblaient tomber vers le sol sous forme de draperies nettement visibles à l’œil nu.

 

Le spectacle était fascinant et grandiose, comme si un décor de théâtre grandeur nature venait de s’ouvrir devant moi.

 

Les aurores boréales atteignaient alors le zénith et même avec un objectif de 14 mm et un capteur plein format, le champ photographique n’était pas assez grand pour restituer l’entièreté des aurores :

 

 

La couleur pourpre - violette ci-dessus est liée à l’azote moléculaire ionisé en basse altitude et témoigne de la puissance de l’aurore.

 

*****

 

2/ Aurores boréales de la nuit du 11 au 12 mai 2024 depuis le massif des Vosges :

 

Au cours de la nuit suivante (du 11 au 12 mai 2024), des aurores boréales étaient toujours présentes mais - étant alors bien plus faibles que la veille et lointaines sur l’horizon Nord - elles ne pouvaient être aperçues à l’œil nu en Alsace que depuis le massif des Vosges et par rare intermittence ou en utilisant un appareil photo en pose longue.

 

Ci-dessous les aurores de la nuit du 11 au 12 mai 2024 depuis le massif des Vosges en Alsace, beaucoup plus faibles que celles de la veille, visibles seulement par intermittence à l’œil nu et en pose photographique longue :

 

 

 

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3/ Aurores boréales du 10 octobre 2024 vues depuis la Robertsau (Strasbourg)

 

Une nouvelle éruption solaire - de classe X1.8 - est survenue le 9 octobre 2024 en provenance du groupe de taches 3848, projetant un flux de plasma orienté vers la Terre.

 

Dès le lendemain, l’indice KP s’est affolé affichant des valeurs oscillant autour de 8 (avec une pointe à 8.67). Une tempête géomagnétique sévère G4 s’en est suivie, laissant à nouveau présager la survenance d’aurores boréales majeures.

 

J’envisageais cette fois de les observer depuis l’étang du Karpfenloch à la Robertsau. Cet étang est en effet orienté vers le Nord et, à supposer que les aurores aient été suffisamment intenses, cela aurait permis de prendre en photo leur reflet dans l’eau…

 

Toutefois, arrivé sur place, je me suis aperçu que l’endroit en face de l’étang - où j’envisageais précisément de me poster pour l’observation - était recouvert du tronc et des branches d’un pauvre arbre gisant au sol. Probablement l’œuvre d’une mini tornade ayant sévi la nuit précédente :

 

 

J’ai donc fait marche arrière pour retrouver le lieu d’observation où je m’étais posté le 10 mai 2024 et qui présente l’avantage d’avoir une vue bien dégagée non seulement vers le Nord mais également vers l’Est, en plus d’être relativement épargné de la pollution lumineuse. Bien m’en a pris car ce que je ne savais pas encore, c’est que les aurores qui allaient intervenir seraient principalement situées vers le Nord-Est tandis qu’au niveau du Karpfenloch la vue vers l’Est aurait été entravée par les arbres...

 

Une fois revenu vers mon lieu d’observation du 10 mai 2024, j’ai patienté de longues minutes dans l’humidité et sous les gouttes de pluie (car le temps était malheureusement très nuageux).

 

Aucune aurore ne pointait et les nuages recouvraient le ciel.

 

Comme on le dit souvent, l’astronomie est l’école de la patience et celle-ci finit souvent par payer.

 

Les nuages ont en effet commencé à laisser place à quelques trouées dégagées. Par ailleurs, le ciel du côté Nord-Est s’est progressivement doté de couleur rouge - rose visible à l’œil nu. Une photo prise à ce moment-là révélait également que la voûte céleste du côté Nord commençait à arborer une discrète couleur mauve et une couleur bleue - verte au loin sur l’horizon Nord.

 

Les nuages - que j’aurais préféré ne pas voir - formaient finalement une belle composition avec les délicates couleurs des aurores naissantes qui transparaissaient au travers de ceux-ci.

 

 

Les aurores sont ensuite montées progressivement en intensité et se sont étendues tout aussi progressivement, à partir du Nord-Est vers le Nord. La couleur rouge - rose devenait saisissante à l’œil nu :

 

 

Poursuivant leur extension et leur montée en intensité, les aurores boréales ont fini par embraser tout l’horizon Nord-Est et Nord. Le spectacle de la couleur rouge - rose était magnifique à l’œil nu. Le paysage a alors pris une apparence surréaliste.

 

La Robertsau, d’habitude si bucolique, avait pris une allure de Valhalla nordique ; à se demander si Wotan n’allait pas surgir des cieux :

 

 

Le paysage et les nuages étaient encore à ce moment-là éclairés par la Lune.

 

Je rappelle que, par principe, je ne modifie pas les couleurs de mes photos d’aurores boréales (pas de saturation des couleurs) ni ne rehausse l’intensité de ces aurores au traitement. Les seuls traitements que je me permets consistent en une correction manuelle du vignettage de l’objectif et un rehaussement du sol sombre (afin que celui-ci ne paraisse pas trop noir).

 

Les images présentées sont donc conformes à mes images brutes issues d’une pose de 4 secondes (même temps d’exposition que pour les aurores du 10 mai présentées ci-avant au début de cette page).    

 

La soirée du 10 octobre 2024 avançant, de belles trouées intervinrent entre les nuages, dévoilant davantage le spectacle des aurores :

 

 

 

Un ami qui m’avait rejoint m’a fait remarquer que les aurores s’étaient déplacées vers l’horizon Est.

 

J’ai donc orienté l’appareil photo vers cet horizon et par chance Jupiter et les Pléiades étaient également au rendez-vous. Que du beau monde dans le champ photographique et, de plus, les nuages ont eu la délicatesse de s’ouvrir pour laisser admirer ces objets célestes baignés par l’aurore :

 

 

Peu après, vers minuit, les nuages ont refermé la voûte céleste sonnant la fin du spectacle et les aurores se sont estompées.

 

Il s’agissait de toute façon de l’heure limite que je m’étais fixée et il était temps de rentrer se reposer.

 

Par rapport aux aurores du 10 mai 2024, les aurores du 10 octobre 2024 étaient plus lointaines sur l’horizon. Celles du 10 mai 2024 emplissaient quant à elles l’entièreté du ciel.

 

Par ailleurs, lors de l’observation des aurores du 10 mai 2024 j’avais été marqué par la présence d’immenses stries verticales (draperies), nettement visibles à l’œil nu et qui semblaient relier le ciel au sol.

 

Lors de l’observation des aurores du 10 octobre 2024, je n’ai pas vu ces stries à l’œil nu et j’ai également vu beaucoup moins de couleur verte que le 10 mai.

 

Toutefois, les nuages n’ont pas facilité l’observation des aurores du 10 octobre 2024 et l’embrasement de l’horizon en rouge - rose était néanmoins bien visible à l’œil nu.

 

Ce nouveau spectacle céleste était, à n’en pas douter, un grand moment également pour nos latitudes.